mardi 16 février 2021

Les enfants de la Pitié

 


L'OBS

Edition n°2934 du 21 au 27 janvier 2021

Emmanuel CARRERE

" Les enfants de la Pitié "


Emmanuel CARRERE effectue une immersion d'une dizaine de jours au sein du service de pédopsychiatrie de la Pitié-Salpêtrière à Paris, afin d'observer l'impact de la pandémie sur les troubles des adolescents.

Selon deux professionnels qu'il a rencontré, le confinement engendre des troubles chez les personnes qui n'en ont pas habituellement et a tendance à calmer les personnes porteuses de troubles psychiatriques. En effet, les personnes hospitalisées en service psychiatrique ne se rendent pas compte de la réalité car elles sont déjà confinées ou sont apaisées par le fait que tout le monde le soit. De plus, il semblerait que l'anxiété généralisée apaise les grands anxieux.

L'article fait aussi état de peu de cas de Covid dans les services de psychiatrie.

La différence la plus notoire, depuis la début de la pandémie, est la recrudescence du nombre de personnes qui n'étaient pas connues des services psychiatriques et qui arrivent aux urgences dans des états alarmants.

Emmanuel CARRERE a rencontré le Docteur OPPETIT, psychiatre. Plutôt que le confinement, au cours duquel les personnes sont " déchargées de toute contrainte, protégées par une bulle à la fois rassurante et mortifère " (p.27), cette dernière craint l'apparition des décompensations au moment du déconfinement, lorsque les personnes doivent à nouveau faire face au monde.

Emmanuel CARRERE brosse de touchants portraits de jeunes qui cabossent l'Autre et défrayent la chronique mais je ne peux m'empêcher de m'interroger : qui a été cabossé en premier ?

L'article questionne aussi les moyens mis en place [oupas!] pour accueillir l'affluence d'étudiants présentant de lourds symptômes dépressifs dus à la crise sanitaire et à toutes les restrictions qui en résultent.

Enfin, le manque de moyens et donc de places entraîne aussi, comme dans d'autres secteurs de la santé, un tri des patients. A qui va revenir LA place ? Au patient le " plus malade " ou à celui qui sortira le plus vite de la structure, libérant ainsi cette fameuse place pour le suivant ? 

A l'heure où les diagnostics se font de plus en plus précis et pointus, le système psychiatrique français n'a pas les moyens de prendre les jeunes en charge pour leur faire profiter de ces avancées.